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Archive for the ‘Bukavu’ Category

Bukavu : Diplômés dans la débrouillardise

In Bukavu, Débrouille, Regions on mars 8, 2009 at 08:09

Une jeune photocopieur à Bukavu

Ils sont plantés par dizaines devant les bâtiments avec leurs machines à photocopier et ils proposent à qui le veut leurs services. Lorsqu’on vit dans un pays où trouver un emploi relève du miracle, on apprend à faire avec les moyens du bord pour lutter contre la crise et survivre.

« J’ai une licence en sciences commerciales après cinq années infructueuses dans la recherche d’un emploi, j’ai opté pour la débrouille », confie Rémy, un jeune « photocopieur ». « J’ai reçu ma photocopieuse de mon grand frère qui vit en Belgique et en échange, je dois prendre en charge mes vieux parents et ma propre famille », ajoute-t-il.

En plus de la nourriture pour sa famille, l’argent gagné dans ce petit business permet à Rémy de payer son loyer. Comme tous les autres débrouillards congolais, ce jeune homme garde espoir et croit en un lendemain meilleur. Mais en attendant, il vit au « taux du jour » comme on dit ici.

La débrouille comme récompense pour tous ces jeunes congolais qui étudient dans des conditions très difficiles. Longues distances à pied, frais académiques exorbitants, syllabus et supports de cours vendus au prix fort, tout ça pour finir dans un petit métier. Autant de cerveaux disponibles qui ne demandent qu’à travailler pour leur pays mais qui chôment. Comment espérer que le Congo s’en sorte avec des réalités de ce genre ?

Pendant ce temps, ceux qui sont censés représenter le peuple et répondre à ses attentes s‘affairent à se tirer les cheveux pour tel ou tel autre poste politique. Ces mêmes politiques congolais, incapables de remettre les choses sur les rails dans leur pays, envoient leurs enfants étudier et se réfugier en occident.

Bukavu : Congolais débrouillards, vendeuses des bananes

In Bukavu, Débrouille, Regions on février 26, 2009 at 13:40

Vendeuses de banane à Bukavu

Elles sont nombreuses, femmes et jeunes filles paysannes des territoires proche de la ville de Bukavu qui ont pour métier la vente de « Bitika » ou bananes, très consommées à Bukavu parce qu’elles coûtent moins chères que les autres fruits.

Maman Bénite âgée d’une trentaine d’années pratique cette activité depuis plusieurs années. Elle parcoure une vingtaine de kilomètres tous les matins pour rejoindre la ville de Bukavu où se trouvent ses clients. « J’achète un bassin de bananes à 1800 francs congolais (environ trois dollars américains). A la fin de la journée, je réunis le double et parfois le triple de ce que j’ai investi », confie-t-elle. « Mon bénéfice me permet de nourrir et de scolariser mes deux enfants. Je suis veuve, j’ai perdu mon mari pendant la guerre de 1998 » ajoute-t-elle.

A côté de cette femme, des jeunes filles qui n’ont pas pu être scolarisées font la même chose et supportent le poids de leurs familles.

Tous les matins, maman Bénite, sillonne les écoles à la recherche de clients. Quand elle en a assez de marcher, elle étale ses bananes sur un carton au bord de la route. Le soir, après avoir vidé son bassin, elle achète à manger pour ses enfants et prends le chemin de retour.

Sans se plaindre et sans rien demander à qui que ce soit, cette femme travaille dur pour subvenir aux besoins de sa famille. Son plus grand souhait, voir ses enfants grandir et bénéficier d’une instruction qui leur évitera de finir dans la débrouille.

Bukavu : La police meilleure amie du trésor public

In Bukavu, Regions, Société on février 24, 2009 at 08:22

Police, championne dans la récolte de fonds dans la province du Sud-Kivu

« Nous sommes engagés à maximiser les recettes du trésor public pour que la reconstruction de notre pays soit effective » C’est en ces termes que s’exprime l’Inspecteur Principal Provincial de la Police Nationale Congolaise au Sud Kivu sur les ondes de la Radio nationale Congolaise RTNC/Bukavu.

La Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales (DGRAD) venait de publier quelques jours plus tôt un communiqué félicitant le travail des services sous son contrôle en matière de recettes. La Police est félicitée particulièrement pour avoir réalisé 51 millions des francs Congolais (environs 72.857 dollars américains) pour l’année 2008.

Selon le numéro un de la police au Sud Kivu, ces recettes proviennent des amendes transactionnelles, des taxes de gardiennage ainsi que des taxes de délivrance des documents attestant la perte des pièces de bord.

Alors que tueries, pilages, viols et assassinats sont devenus des détails, dont on parle presque avec le sourire dans la province du Sud-Kivu, je suis bien tenté de me poser la question de savoir quel est le vrai rôle de la police. Générer des revenus pour les caisses de l’état ou protéger les personnes et de leurs biens ?

Je crains que cette officialisation du business du policier qui rançonne la population ne vienne aggraver la situation qui est déjà assez difficile comme ça…

Bukavu : Chasse aux Albinos en Tanzanie et au Burundi, ceux de Bukavu réagissent

In Bukavu, Regions, Société on janvier 29, 2009 at 08:03

Juvénal Lushule, président de l’Association pour la Promotion des Albinos au Sud Kivu

« Ce n’est pas vrai, nos organes ne portent pas chance… », C’est le cri d’alarme des albinos de la ville de Bukavu, réagissant aux nouvelles provenant du Burundi et de la Tanzanie et faisant état d’une chasse généralisée aux albinos. Au mois de novembre dernier, l’ONU dénonçait cette pratique qui avait entrainé notamment le meurtre d’une petite fille de six ans, tuée d’une balle dans la tête pour récupérer ses membres censés apporter la richesse.

Débordant d’imagination et certainement fous, des charlatans ont lancé la rumeur selon laquelle le sang des albinos pouvait être utilisé pour rechercher de l’or et leurs membres pouvaient servir à améliorer la pêche de poissons.

Réagissant face au sujet, Juvénal Lushule, président de l’Association pour la Promotion des Albinos au Sud Kivu a du mal à comprendre : « Pourquoi s’acharne-t-on contre les albinos ? Les membres de mon association qui ont de la famille ou qui font des transactions commerciales au Burundi, ne savent plus s’y rendre et vivent dans la peur. Ils craignent surtout que ces pratiques ne traversent la frontière lorsque les stocks d’organes s’épuiseront dans les deux pays voisins. »

L’association s’est adressée aux autorités locales, réclamant des mesures préventives pour la protection des albinos mais n’a reçu aucune réponse. Pas étonnant quand on sait que les politiciens congolaises, incapables de prévenir, attendent que les tragédies aient lieu pour dépêcher des commissions parlementaires ou encore faire des « dons » aux familles des victimes.

Je comprends parfaitement que les albinos n’aient pas trop envie de se faire charcuter mais j’ai par contre du mal à comprendre qu’en plein 21ème siècle, des croyances de ce genre soient encore répandues et surtout suivies…

Liens : La chasse aux albinos au Burundi (RFI)

Bukavu : Exode rural au Sud Kivu, qui cultivera les champs ?

In Bukavu, Débrouille, Regions on janvier 13, 2009 at 09:30

Une boutique à Bukavu

L’insécurité et la pauvreté dans les zones rurales de la province du Sud-Kivu poussent bon nombre de jeunes à se déplacer vers le centre urbain. Ils vendent ainsi leurs terres et à leur arrivée dans l’agglomération, certains s’affairent à des taches ménagères dans des familles contre une petite rémunération, et d’autres se lancent dans des petits commerces.

« Pendant la guerre, des hommes armés sont passés dans mon village et ont enrôlé de force tous les jeunes. J’y ai échappé parce que j’étais aux champs au moment de leur passage. J’ai suis venu m’installer à Bukavu et je survis grâce à mon petit commerce », raconte Mushagalusa, un jeune homme qui tient une petite échoppe où il vend bonbons, biscuits, cigarettes et d’autres articles. Sa boutique lui sert en même temps de lieu de travail, de cuisine et de chambre à coucher, une fois la nuit tombée.

Ils sont nombreux à vivre dans les mêmes conditions que Mushagalusa. Cela fait donc moins de mains pour accomplir les travaux champêtres. Les habitants de ces villages qui fournissaient jadis les villes en légumes, fruits et autres denrées abandonnent leurs terres pour venir chercher refuge en ville.

Et dire que tous les mouvements armés qui sévissent dans la région prétendent œuvrer pour le bien être de la population et défendre ses intérêts…

Bukavu : Pêche interdite sur le lac Kivu

In Bukavu, Regions, Société on décembre 10, 2008 at 10:54

Pirogues de pêcheurs sur le lac Kivu

Le lac Kivu sera fermé pour trois mois à partir du 30 décembre prochain. Cette décision des autorités locales inquiète les nombreux pêcheurs qui alimentent en poisson la ville de Bukavu et qui n’ont pas d’autre moyen de subsistance. « C’est une décision illégale et inhumaine. Nous allons crever de faim avec nos familles » déclarent-ils.

Pour l’inspecteur chef du bureau chargé de la pêche à la division provinciale de l’environnement et conservation de la nature, cette décision est prise pour faire face à la baisse de la production de poisson sur le lac Kivu. « Les pêcheurs ne respectent pas les normes de pêche et se rendent parfois dans les baies où il y a seulement des œufs pour pêcher. On est obligé de fermer momentanément le lac pour permettre à ces œufs d’éclore et de grandir » affirme Mr Tabino Mutingano.

Les militaires des forces navales sont instruits de faire respecter cette décision en arrêtant les pêcheurs qui vont désobéir.

Le poisson du lac Kivu est l’un des aliments de base pour les Bukaviens. Avec la somme de deux cents francs Congolais, il est possible de se procurer des fretins pour un repas de midi, et ce pour une famille de quatre personnes. Du très bon et bien gros tilapia, on peut en avoir 4 pour mille francs Congolais (un peu moins de 2 dollars américains). Cette mesure n’occasionnera-t-elle pas la rareté et en même temps la montée des prix du poisson ?

On verra bien sûr lorsque la mesure entrera en application.